Manifeste(z-vous)

MANIFESTE(Z-VOUS) !

 

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8 mai 2020

Témoignage de Paul-Bernard Fournier, adhérent guitare à la MPT 

Bonjour, je souhaite témoigner de cet événement qui va s’entendre de l’autre coté de la Saône 🙂

Au « Carré d’Or » (le carré d’or est l’espace des cours intérieures accessibles et visibles des immeubles de 4 rues : rue Dansard, Grande rue de la Guillotière, rue Sébastien Gryphe et cours Gambetta), quasiment depuis le début du confinement, nous vivons quotidiennement un exceptionnel moment magique musical.

En effet à 20h02 et des poussières, après les applaudissements en remerciement aux soignants et autres gens qui bossent pour que nous vivions du mieux possible ce confinement, les habitants restent aux fenêtres pour poursuivre encore quelques instants cette solidarité en spectateur et/ou participant.

C’est vraiment une superbe ambiance et nous découvrons pleins de voisins que nous n’aurions peut-être jamais croisé !

Initié par un couple, Évelyne et Vincent, qui, chantant à la fenêtre Bella Cio en solidarité aux Italiens, ont provoqué l’étincelle musicale qui est aujourd’hui cet incontournable de nos soirées.

A l’aide d’une communauté Whatsapp de quasi 100 participants et d’une sous communauté de musiciens, nous choisissons une chanson, fixons le dresscode en lien avec la chanson, travaillons nos morceaux pendant la journée (pour les musiciens) et apprenons la chorégraphie qu’une troupe de danseurs nous enseigne via une vidéo lors des 24h heures qui précédent et enfin chantons à plein poumons la chanson du jour et chantons aussi des anniversaires voir des naissances ou dédions des chansons à des personnes en particulier (par exp: c’est magnifique de Luis Mariano dédiée à Lucienne et Georges 98 et 99 ans sans enfants, en Ehpad et positif au Covid…., Christophe dcd du Covid…)

Brahim, un virtuose de l’informatique (et de la batterie) compile photos, vidéos et prises de son pour nous restituer chaque lendemain une « montage » vidéo de la chanson de la veille.

Prenez soins de vous


► Journal de confinement de Noëlle Porthault, adhérente à la MPT

Un printemps particulier

Il y a un peu cette impression d’un printemps volé. Un printemps chapardé par ce fichu virus.

Pourtant, depuis le début du confinement, je n’ai jamais autant

humé le parfum des lilas et des roses,

observé le bec jaune du merle perçant la terre brune,

salué les voisins, échangé, plaisanté, refait le monde avec eux,

rangé les placards, et ils en contenaient des reliques, des souvenirs, des rossignols,

fait des semis et observer, jour après jour les petites tiges grandir,

trinqué virtuellement avec la famille, les amis,

fait la cuisine en osant les recettes de Paul,

découvert les fonctionnalités du smartphone, de l’ordi et même celles de la machine à coudre,

chouchouté le jardin, amendé, arrosé, désherbé,

apprécié les soirées sur la terrasse à débattre de l’après,

 lu, relu, commenter ce que j’ai lu, et relu encore….

Oui, on peut dire que ce n’était pas vraiment du temps perdu, qu’on a un peu remis les pendules à l’heure. Et pourtant, on aura tellement de plaisir à se retrouver. En vrai. Il y aura encore tellement de choses à partager, à construire, à vire ensemble….

Une chanson d’Higelin me revient en mémoire:

« Vivons heureux aujourd’hui. Demain il sera trop tard. »



24 avril 2020

► Extrait du journal de confinement de Noëlle Porthault, adhérente à la MPT

Le camp de base de l’Annapurna

 

Une règle d’or, pendant ce confinement: garder la forme.

 

Un peu de gymnastique au lever, ça met en jambes, mais c’est un peu tristounet. Alors, pour garder la force qui me permettra de reprendre mon cher vélo dès que possible, j’ai trouvé: la montée d’escalier.

 

La maison, sur deux étages m’offre une possibilité de gravir 42 marches à chaque fois que je vais au grenier. Sachant que chaque marche mesure 0,16 mètre, je décide de gravir 25 fois d’affilée chaque jour l’escalier, soit un dénivelé de 168 mètres.

 

Reste à trouver un moyen de rendre ces expéditions un peu moins monotones.

 

Et là, je réveille la mémoire d’une adepte des sentiers de randonnée :

 

– J’avais 20 ans: avec des copains, nous décidons de monter au sommet du Grand Som en Chartreuse. 2026 mètres de dénivelé, soit 12 jours de montée d’escalier. Sachant que le confinement a commencé le 17 mars, j’arrive au sommet le 28 mars.

 

-Petit souvenir d’un de mes camps scouts dans le Queras: montée sous un soleil de plomb au col de l’Izoard, 2361 mètres. A raison de mes 168 mètres par jour, cela fait 14 jours. J’arrive au col toute essoufflée le 30 mars.

 

– L’ile de la Réunion, le Piton des Neige, quel beau souvenir en famille ! 3070 mètres, ce qui assure une arrivée en 18 jours, soit le 15 avril.

 

-J’ai eu 30 ans dans un lieu magique : Avec une équipe de l’ASPTT, notre jeunesse nous a permis de grimper jusqu’au Camp de base de l’Annapurna, 4130 mètres et un souvenir inoubliable qui rend à la foi grande et petite. Ça, c’est 25 jours d’escaliers et je plonge dans un nouvel émerveillement le 11 avril.

 

– Arrivés si haut, nous n’allions pas repartir si vite : nous profitons de la vue de ces sommets à ne plus savoir où donner de la tête, et nous nous payons une dernière escalade au Tent Peak, 5600m. Ce souvenir merveilleux, je le retrouve le 19 avril.

 

Et voilà, je n’irai pas plus haut dans mes souvenirs. Pourtant, je continuerai s’il le faut, jusqu’au 11 mai, à monter tous les jours jusqu’au grenier. Ensuite, mon vélo m’attend dès le 12 mai.

 

J’ai fait revivre bien de beaux moments de ma vie, mais quand même, j’ai un regret: J’aurai dû faire de la spéléo, cela aurait été, aujourd’hui, une bonne occasion de descendre à la cave plus souvent pour y déguster une bière bien fraîche ou un petit Macon-Village !

 

► Le conseil musical de Jean-Paul Saby, intervenant théâtre aux Rancy : Le Boléro de l’Orchestre de France

 

► Les conseils d’Émilie Challéat, administratrice de la MPT :  » J’ai découvert une plateforme VOD sur laquelle on devrait pouvoir retrouver la plupart des films et qui change de NETFLIX (J’ai entendu ce matin + 50% d’abonnés !!).

Et autre petit moment de bonheur, l’accès libre à l’émission cultissime Strip-Tease, le magazine qui VOUS déshabille certains y voient du voyeurisme, personnellement j’aime ce parti pris de documentaire sans commentaire, sans jugement, la vie à nu, certes des personnages atypiques, et l’ancienneté des images années 80 ajoute un côté hors du temps, mais découvrir ces parcours de vie et ces personnalités, je trouve cela très attachant et tout à fait esprit éduc pop ! « 

 


17 avril 2020

► La chanson confinée de Marc Ducastel, intervenant brassage de bière à la MPT

► Extrait du journal de confinement de Noëlle Porthault, adhérente à la MPT

Vieille

Presque une semaine que je ne suis pas sortie. Il est temps d’aller faire les « courses de première nécessité ».

Je m’équipe : autorisation de sortie, gel (périmé, mais c’est toujours ça), gants, masque (ce qui me déplaît dans le port du masque, c’est qu’on ne voit plus les gens sourire); je pars faire mon kilomètre autorisé.

Arrivée devant le Casino, je découvre une file d’une bonne vingtaine de personnes sagement alignées avec la bonne « distanciation sociale » (pourvu qu’on oublie vite ce terme!). Je prends ma place en me disant que j’aurais dû prévoir un Sudoku ou un livre, j’y penserai la prochaine fois.

Puis, un employé sort du magasin pour annoncer : « Sont prioritaires: les personnels soignants, les handicapé-e-s et les personnes de plus de 70 ans ».

Ouah ! super; je m’avance, un peu gênée de doubler toute la file, mais mes genoux me murmurent : vas-y, assume ! ». Je m’adresse à quelques jeunes dans la file: « désolée, pour une fois qu’être vieille a des avantages… »; petites rires amusés et plutôt bienveillants.

Me voilà introduite dans le sacro-saint Casino ; je sors ma liste, pas le moment d’oublier quelque chose.

Alors que je m’apprête à poireauter à une des files pour la caisse, une charmante employée masquée, gantée m’interpelle : « Madame, suivez-moi, je vais vous faire passer par une caisse prioritaire. » Second Ouah!  La chance me sourit ; elle me fait signe de me diriger vers une caisse automatique ; et là, se livre en moi un combat idéologique terrible, j’avais juré que jamais de ma vie j’utiliserais ces caisses au nom de la-défense-de-l’emploi, non-à- la-robotisation, oui-aux-contacts-humains, le-monde-n’est-pas-une-marchandise… Mais voilà qu’elle lit dans mes pensées » : Ne vous inquiétez pas, je vais le faire à votre place », me dit-elle en prenant mon chariot ; elle déballe ma marchandise et procède à l’enregistrement puis m’indique le terminal pour le règlement. Au-revoir-madame-et-merci-pour-tout-De-rien-madame-c’est-moi-qui-vous-remercie.

Perplexe, je sors perplexe ; avec un sentiment bizarre, un peu vexée, quand même. Certes, je m’en suis bien tirée, mais plusieurs questions me taraudent sur le fait que vieillir impliquerait d’être assistée, de ne pas maîtriser les nouveaux fonctionnements du commerce … mais la principale est celle-ci : Ça se voit tant que ça que j’ai plus de 70 ans ?

Beauté du regard de Paul Scoccimarro, intervenant photos à la MPT

Ah, aura-t-on au moins eu, lors de cette néfaste période, le plaisir de tous ces beaux regards, mis en valeur par les visages masqués… Car pour moi qui voit le monde en photographe, qui aime le portrait, c’est ce qu’il y a de plus beau, de plus séduisant dans le visage, tous ces regards d’hommes et de femmes… Une perfection technique et esthétique, que le masque révèle dans leur beauté, même s’il y a parfois ces petites coquetteries qui donnent de la vie à un regard.

Sorti de plusieurs anesthésies dans ma vie, je ne sais pas si comme moi, vous avez eu (même encore souffrant), ce plaisir d’un réveil par un regard au visage masqué se penchant sur vous. Une échappée sur la beauté du vivant… C’est ce que j’avais dit à une amie terrorisée à l’idée de son anesthésie « Et si je ne me réveille pas ?… ». C’est possible, tu ne le sauras pas, mais au réveil, tu auras la joie de voir ces beaux regards penchés sur toi, qui te prouveront que tu es vivante… ».

► Marie-Thérèse Sallé, adhérente à la MPT, nous livre ici et des astuces pour se sentir bien chez soi. Utile en cette période !

 

 


 

10 avril 2020

► Extrait du journal de confinement de Noëlle Porthault, adhérente à la MPT

Sanguine

Le chariot attend là, sagement, dans un coin du couloir, tout près de la porte d’entrée. 

C’est la consigne: laisser les sacs et chariots à provisions mijoter 24 heures sans y toucher avant de déballer. Ça laisserait le temps aux virus de ne pas pouvoir terminer leur mission macabre ou alors de changer d’avis et de s’en aller ailleurs, on sait pas trop. Mais aucune précaution n’est à négliger.

Au sommet du dit chariot trône un filet d’orange. Est-il possible qu’un virus soit assez malin pour venir se loger juste là, au sommet, juste pour nous narguer ?

 Et de toutes les manières, même s’il est assez vicelard pour ça, il ne va tout de même pas pénétrer dans le fruit ? Elles sont belles, leur robe d’un orange éclatant de soleil est parsemée de taches passant du rouge vif au carmin. Cela donne une envie folle d’en fendre une délicatement pour en voir couler le jus écarlate. 

Du bout des doigts, je saisis le filet et d’un coup de ciseau sec, je fait jaillir les fruits libérés dans la coupe… rien que pour les admirer. Le virus n’y aura vu que du feu.

C’est Roland, le premier qui craque:

– Tu crois qu’on peut en prendre une?

– Ben, avec des gants, pourquoi pas?

– Oui, mais si mon couteau touche la peau….?

– Ben, passe ton couteau à l’alcool avant.

– Ce serait pas mieux de le passer à l’eau de javel?

– Ou alors, savonne l’orange.

– Oui, mais quand je vais prendre les quartiers, il faut peut-être que j’enlève mes gants?

– Ben…

– Si j’enlève mes gants, je toucherai de nouveau la peau?

– …..!

– Non, c’est plus raisonnable d’attendre demain.

– Oui, peut-être, c’est mieux.

– Ou alors, je l’épluche, puis je me lave les mains.

– Fais comme tu veux!

– Je sais, je me lave les mains d’abord,je passe le fruit à l’alcool, j’enlève la peau, je me relave les mains, et je peux manger l’orange

– ….

– Avec des gants ou sans?

-…..

– Qu’est-ce que tu en penses?

– ….

– Tu ne me réponds pas?

– Écoute Roland, les oranges, c’est plein de vitamine C. Il est 9 heures du soir, si tu en prends une maintenant, tu vas pas pouvoir t’endormir. Alors, s’il te plais, pose moi cette orange.

-?!?

► Les conseils musicaux d’Élodie Blineau, adhérente à la MPT

Dans la chronique musique solidaire : l’orchestre Philharmonique de Nice a enregistré Carmen, ravissant > Ici. Et la réinterprétation « Covid » de Salut à toi des Bérurier Noir, pour les acteurs sociaux, de santé, et solidarité > Ici

► Le bon plan alimentation de Pascale Matthey > Ici

► Les Confilectures : une proposition de Marie-Claude bois, mise en voix par Luc Meissonnier > Ici

 


 

03 avril 2020

► Le témoignage de Pascal Barbier, adhérent à la MPT des Rancy.

Le confinement décrété par le gouvernement pour faire face à la pandémie du Covid-19 a été, et est, pour tous une expérience exceptionnelle avec des aspects positifs que nous notons chaque jours : élan de solidarité et initiatives multiples entre voisins, en lien avec les collectivités ou avec les associations…

C’est également une période très oppressante dont la gestion a nécessité que nous nous privions de nos libertés, à commencer par celle de se déplacer. Quand la crise sera passée, il sera temps de faire le bilan et d’apprendre de nos erreurs. D’ores et déjà, je peux dire que la passivité dont j’ai fait preuve pour défendre l’hôpital public lorsque les urgentistes, infirmières et autres soignants réclamaient des moyens pour assurer leurs missions me rend complice de cet état de fait.

Je me suis arrangé des petits compromis de notre société de consommation. J’ai défendu gentiment des idées alternatives qui promouvaient la solidarité, la coopération et une société plus respectueuse de l’environnement. Je n’ai pas dit grand chose quant au nom de l’orthodoxie budgétaire et du moins d’impôts, le fonctionnement des hôpitaux a été rationalisé pour faire des économies. Aujourd’hui ces économies vont nous coûter chers !

Une fois la liberté retrouvée de nous déplacer de nous côtoyer, je suis très inquiet que nous laissions encore passer ce nouvel avertissement et que la vie reprenne comme en 14. Les enjeux liés au dérèglement climatique sont énormes et je pense que plus de radicalité est nécessaire pour secouer le cocotier et nous questionner sur ce qui est important pour nous et sur la société que nous voulons construire et laisser à nos enfants.

J’en ai assez d’entendre parler de « gestion de crise » et de découvrir la gueule enfarinée ce qui nous arrive parce que nous n’avons pas voulu entendre et prendre en compte suffisamment les nombreuses alertes (canicules, fonte des glaciers…) et cris des experts du GIEC et consorts. Je pense plus que jamais que c’est à nous tous de prendre les choses en main et de faire fonctionner l’intelligence collective pour trouver des solutions aux enjeux énormes qui nous attendent. Le jeu en vaut la chandelle et c’est également de notre responsabilité.

Pascal Barbier, adhérent à la MPT des Rancy

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